La plagiocéphalie

Par Catherine Gaillard - Ostéopathe chez Eveil&Conseil
Bébé vient de naître et peut-être avez-vous déjà remarqué une certaine asymétrie de son crâne ? Ou bien vous avez entendu parler de la plagiocéphalie et cela vous inquiète pour votre tout petit ? D'ailleurs, qu'est-ce que la plagiocéphalie ? Et comment l’éviter ? On vous explique tout ce que vous devez savoir sur ce fameux syndrome de la tête plate.

Qu’est-ce que la plagiocéphalie ?

La plagiocéphalie (du grec plagios = oblique et kephalê = tête) est une déformation du crâne du nourrisson, un aplatissement oblique de l’arrière de la tête. Cette déformation peut survenir in utero suite à une mauvaise position fœtale ou dès les premières semaines de vie du fait d’une position de la tête répétée.

À quoi est due la plagiocéphalie ?

Cet aplatissement arrive pour deux raisons principales : la position intra-utérine et l’accouchement. À la naissance, bébé peut avoir un torticolis, un nez écrasé, une tête déformée, asymétrique… C’est fréquent et cela est dû à sa position intra-utérine et son passage au niveau du bassin lors d’un accouchement par voie basse. L’accouchement – par voie basse mais aussi par césarienne – est un premier traumatisme pour l’enfant qui peut perturber la mobilité des structures crâniennes, et engendrer des troubles immédiats et/ou ultérieurs. Il y a un déséquilibre crânien qui ne se remet pas tout seul et qui relève d’un traitement ostéopathique, qui devrait être indispensable après chaque naissance. Enfin, la plagiocéphalie peut aussi apparaître à distance de l’accouchement et être dite « positionnelle ». La bonne nouvelle ? Il est, dans ce cas, possible de l’éviter en étant vigilant sur plusieurs aspects du quotidien.

Qu’est-ce que cela entraîne ?

La plagiocéphalie peut être impressionnante et inquiétante pour le parent. Mais rassurez-vous, il existe plusieurs degrés de sévérité de la plagiocéphalie, et elle peut se corriger grâce à une rééducation par une personne spécialisée lorsqu’elle est traitée rapidement. Néanmoins, il est important de ne pas la laisser s’installer ou s’aggraver car elle peut entraver le bon développement de l'enfant. Les suites d’une plagiocéphalie peuvent parfois passer inaperçues et n’engendrer qu’un simple trouble visuel assez banal par exemple. Dans d’autres cas, elle peut avoir de plus graves conséquences comme un trouble moteur, un impact sur toutes les sphères cérébrales ou encore sur l’équilibre global du corps.

Comment éviter la plagiocéphalie ?

Il faudra être attentif durant les premières semaines et s’assurer de la motricité libre du bébé :
  • Évitez les mobiles et arches au dessus de sa tête, et tout ce qui bloque ses cervicales dans une position d’extension. Préférez quelques jouets à attraper sur les côtés pour initier ses retournements. Ou encore une arche mobile à positionner à hauteur de ses pieds pour exercer la motricité de ses membres inférieurs
  • Évitez les cales dans le lit, laissez-le bouger
  • Limitez le temps l’utilisation du transat ou cocon qui entravent les possibilités de mouvements de bébé.
  • Evitez les longues périodes dans un cosy, inconfortables et contraignants dans les mouvements. Si vous prévoyez un long trajet en voiture, arrêtez-vous toutes les 2 heures et déplacez votre bébé du siège auto en le positionnant sur le ventre, sur le côté, mais aussi en jouant avec lui afin de stimuler à nouveau ses petits muscles ! Massez délicatement ses petites jambes et bras du centre vers les extrémités. Cela dégourdira le corps de votre enfant qui est demeuré longtemps dans la même position.
  • Privilégiez le portage en écharpe ou porte-bébé, plus physiologique, rassurant, et bénéfique pour le transit
  • Favorisez des positionnements variés : allongé sur les côtés, le dos, le ventre. Et assurez-vous en amont de sa liberté de mouvements.
  • Lorsque vous faites jouer votre enfant sur le ventre et sur le côté, utilisez une surface ferme comme un tapis sur le sol ou un matelas d’activité, cela l’aidera à disposer de bon appuis pour se redresser. Et qui dit appuis assurés, dit marche et coordinations bien équilibrées ! Consultez notre article sur les tapis d’éveil pour en savoir plus : Comment choisir son tapis d’éveil ?
 

A ne pas faire

Si vous remarquez que votre enfant tourne souvent sa tête du même côté, ne forcez pas le changement de position pendant son sommeil. Cette situation est souvent accompagnée d’un manque de mouvement au niveau du cou. En voulant corriger et forcer la posture, une tension supplémentaire s’exercera sur la tête et le cou de bébé. Laissez votre enfant découvrir seul la mobilité de son cou et voici quelques conseils pour éviter que la plagiocéphalie ne s’installe.

Positionnez votre bébé sur le ventre

Dès 15 jours de vie vous pouvez placer votre bébé sur le ventre quelques minutes chaque jour. La position ventrale adoptée plusieurs fois par jour en période d’éveil aidera votre enfant à :
  • éviter les points d’appui au niveau de son crâne
  • développer le contrôle de sa tête
  • renforcer les muscles de ses épaules et du haut de son corps
  • apprendre à rouler, atteindre les objets et ramper ! Rien que cela !
Consultez l’article Peut-on allonger bébé sur le ventre ? pour découvrir comment inciter votre bébé à rouler sur le ventre.

Quelle prise en charge est adaptée ?

Plus la prise en charge sera précoce, dès les premiers jours, plus elle sera efficace. Elle s’étale souvent entre 0 et 8 mois, en fonction de la croissance de l’enfant. Il est parfois possible que la morphologie du crâne ne devienne pas parfaitement symétrique. Cependant, le thérapeute se sera assuré de la mobilité de toutes les structures crâniennes pour que le développement de votre enfant se fasse sans contraintes et de façon équilibrée. Le traitement repose aussi en grande partie sur le travail moteur avec le tout petit à la maison. Il se réalise donc aussi avec les parents : positionnements, stimulation motrice, jeux de retournements, d'enroulement, de regroupement. Une prise en charge en psychomotricité et en kinésithérapie pédiatrique peut donc être un bon complément à l’ostéopathie. Faites confiance aux professionnels, ils sauront vous aiguiller en fonction de l’évolution de la plagiocéphalie de votre enfant. Plus rarement, une plagiocéphalie peut être une conséquence d’une craniosténose : c’est une fermeture précoce d’une ou plusieurs sutures crâniennes, qui peut apparaître chez le fœtus. La prise en charge devra être plus spécifique et souvent chirurgicale.